Pour en finir avec l'endormitoire

On peut traiter l'hypersomnolence en s'attaquant aux causes sous-jacentes du problème

Par : Jean Hamann - publié dans Le Fil

Vous souffrez régulièrement de brusques envies de dormir qui interfèrent avec vos activités quotidiennes? Vous pourriez faire partie du substantiel contingent de la population – entre 5% et 30%, selon les études - qui souffre d’hypersomnolence. Si c’est le cas, des chercheurs de l’Université Laval et de l’Université de Montpellier ont deux bonnes nouvelles pour vous. La première: le taux d’amélioration et de rémission de cette condition est élevé. La seconde: il est possible d'intervenir efficacement sur certaines causes du problème. Voilà sommairement ce que rapportent Isabelle Jaussent et Yves Dauvilliers, de l'INSERM à Montpellier, et Charles Morin et Hans Ivers, de l'École de psychologie et du Centre de recherche CERVO, dans un récent numéro de la revue Sleep.

Les chercheurs arrivent à ces constats après avoir suivi un échantillon populationnel composé de 2167 Canadiens pendant cinq ans. Les participants devaient remplir périodiquement un questionnaire portant sur leur propension à éprouver des difficultés à demeurer éveillés pendant la journée.

«L'hypersomnolence ou somnolence diurne excessive est caractérisée par l'impression persistante d’avoir de la difficulté à demeurer éveillé, explique le professeur Morin. Il s’agit d’un phénomène physiologique qui suit de près les fluctuations de température de notre corps. Cette condition est souvent associée à une faible qualité de vie et à des risques plus élevés d'accidents et de blessures.»

L'analyse des données montre qu'au départ 33% des participants faisaient de l’hypersomnolence. Pendant la période de suivi, 33% de ces personnes ont eu une hypersomnolence persistante, 44% ont eu une hypersomnolence intermittente et 23% ont eu une rémission. Les chercheurs ont dressé la liste des caractéristiques des hypersomnolents qui ont connu une amélioration ou une rémission de leur condition. En quelques mots, ces personnes avaient un sommeil nocturne de meilleure qualité, elles étaient moins dépressives et elles avaient un indice de masse corporelle normal.

Les causes de l’hypersomnolence sont multiples, mais elles résultent souvent d’habitudes de vie qui nuisent au sommeil nocturne, résume Charles Morin.

«Près de 60% des Canadiens disent être en déficit de sommeil en raison de leurs obligations professionnelles et personnelles. Ils manquent de temps pour tout faire et c’est leur sommeil qui écope. Ce que notre étude montre est que le meilleur remède contre l’hypersomnolence est le sommeil nocturne. Il est essentiel de lui accorder toute l’importance qu'il mérite.»

Voir cet article dans Le Fil de l'Université Laval: 

 

Article de recherche original:

I Jaussent, C M Morin, H Ivers, Y Dauvilliers, Natural history of Excessive Daytime Sleepiness: A population-based 5-year longitudinal study, Sleep, , zsz249, https://doi.org/10.1093/sleep/zsz249